Romain Gary : l'aigle à deux tétes
Il a réussi l'exploit de se faire décerner deux fois le prix Goncourt, grâce au pseudonyme-subterfuge d'Emile Ajar. Auteur prolifique côté cour, il s'avère un homme torturé côté jardin, en proie à un terrible mal de vivre.
A première vue, je me suis dit qu'il avait l'air d'un ours. Avançant lourdement sur ses pattes de derrière - un ours brun maladroit, engoncé de façon plutôt négligée dans l'uniforme sombre de lieutenant des Forces françaises libres du général de Gaulle. " Ainsi est portraituré en 1944, à Londres, celui qu'on appelle alors Romain Gari de Kacev, par la Britannique Lesley Blanch. A 37 ans, cette journaliste réputée s'occupe à Vogue de cinéma et de théâtre. Romain, 30 ans, vient d'écrire entre deux raids aériens, Education européenne , un roman sur la résistance polonaise pendant l'hiver 1942-1943. Tous deux se sont rencontrés lors d'une des nombreuses soirées arrosées données par les membres des Forces françaises à Londres.