Le 14 décembre 1965, au cours d'un entretien télévisé, le général de Gaulle déclare qu'« il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur les réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : « L'Europe ! l'Europe ! l'Europe ! », mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. » Autres temps, mêmes moeurs : un demi-siècle plus tard, il suffit de remplacer le mot Europe par celui de numérique. Les apôtres de la cause binaire, les prophètes du digital sont partout. La quasi-totalité d'entre eux sont incapables d'expliquer comment cela peut être rentable. Qu'importe : à l'heure de l'information (si l'on peut dire) gratuite sur le Net, à l'heure où le contenu compte moins que le contenant, la viabilité économique, même chez beaucoup trop d'investisseurs, reste aussi inaccessible que la ligne d'horizon.