Une procédure sans foi ni loi
Qui est habilité à juger les Templiers ? Le pouvoir temporel, aux mains du roi de France Philippe le Bel, ou le pouvoir spirituel, incarné par le pape Clément V ? Dans cette affaire, partiale entre toutes, les motifs religieux apparaissent finalement comme de fallacieux prétextes.
Lorsque le grand maître du Temple, Jacques de Molay, débarque sur les côtes françaises, à l'automne 1306, il est loin de se douter qu'il ne reverra jamais l'île de Chypre, choisie comme siège de l'ordre depuis la chute d'Acre en 1291. Sans crainte, il ne fait que répondre à la convocation du souverain pontife qui souhaite s'entretenir avec lui sur la relance de la croisade et le projet de réunion des ordres du Temple et de l'Hôpital. Accompagné de ses proches collaborateurs, il rencontre effectivement le pape Clément V au printemps 1307 à Poitiers, où la curie est hébergée par Philippe IV le Bel.