Tragique malentendu aux états généraux
Acculé par la crise financière, le gouvernement contraint le roi à convoquer les états généraux. Les ministres espèrent ainsi faire passer des mesures fiscales d'urgence, quand les députés, eux, attendent un véritable change ment de régime. Des désillusions sont en vue.
Comment pourrais-je oublier l'initiative prise par la municipalité de Versailles lors de la célébration du bicentenaire de la Révolution ? Elle eut l'idée, combien originale, de reconstituer à l'identique la procession des députés des états généraux qui traversa, le 4 mai 1789, la ville de nos rois. En 1989, comme deux cents ans plus tôt, la place d'Armes écrasée de soleil est noire de monde. A la tribune érigée face au château, voisinent Michel Rocard et le comte de Paris, Mgr Thomas, évêque de Versailles et Jack Lang. Lorsque ma voiture fend les rangs des spectateurs, on m'interpelle gaiement : « A bas les privilèges ! »
En 1789, la foule immense extériorisait aussi son bonheur par des rires et des cris de joie. Tout Paris était à Versailles. On avait tendu les rues des plus belles tapisseries de la couronne. La moindre fenêtre était louée 3 louis environ trois mois de salaire d'un ouvrier. Sur les toits s'agglutinaient adultes et enfants.