SOLIMAN DANS LES BRAS D'IBRAHIM
Juin 1523. Soliman le Magnifique (1520-1566) règne depuis trois ans. Rien jusque-là n'a entaché le prestige du dixième sultan ottoman. Héritier d'un vaste empire, il a réussi dès son avènement à l'agrandir encore. À la tête de ses troupes, en une campagne éclair, il a pris Belgrade en 1521 puis Rhodes l'année suivante, deux bastions chrétiens qui, au siècle précédent, avaient résisté à Mehmed II. Soliman parachève l'oeuvre du vainqueur de Constantinople.
Si les victoires militaires comblent les janissaires, toujours prompts aux combats, la décision du sultan de nommer un nouveau grand vizir fait murmurer. En ce mois de juin 1523, Soliman renvoie le vieux et expérimenté Piri Pacha pour confier la direction du gouvernement et de l'administration de l'Empire à son favori, le bel Ibrahim. Semblable promotion, sans précédent, agite aussitôt Istanbul, jusqu'à provoquer une amorce de complot chez ceux qui s'estiment plus dignes de la fonction.