Paris plutôt que Moscou
La révolution russe de 1917 achève de diviser les socialistes. Et quand arrive le congrès de Tours en décembre 1920, malgré les pleurs, la gauche ne peut éviter la scission. Celle-ci aboutit à créer deux partis irréconciliables pour longtemps : les futurs PC et PS.
En 1917, comme tous leurs contemporains, les socialistes français sont en guerre. La guerre, ils la vivent, de près ou de loin, ils en souffrent et ils en espèrent la fin. Selon les sensibilités, selon aussi les moments ou les humeurs, comme en témoigne la lecture des carnets de militants tels Marcel Cachin ou Lucien Roland, ils envisagent diversement cette fin. En principe, les « majoritaires » espèrent une fin victorieuse, les « minoritaires » songent plutôt à une paix de compromis. Les uns et les autres sont troublés. Faire la guerre, se défendre, oui. Mais pour quels buts ? Des ministres, pour quoi faire ? Sembat et Guesde ont dû quitter le gouvernement à la fin de 1916. Le jeune, actif et efficace Albert Thomas, ministre des Armements et Fabrications de guerre, se maintient seul jusqu'en septembre 1917. La majorité pense que le parti doit assumer son rôle et continuer l'action commencée en 1914.