Notre compagnie a été anéantie"
Jean Luciani, lieutenant, puis capitaine au 1er BEP, parachuté le 21 novembre 1953, blessé à trois reprises.
On sait que les blessés de chez nous, qui sont rapatriés à Marseille, sont accueillis par des insultes. On sait aussi que cette guerre, pas expliquée par le gouvernement, menée par des professionnels, est impopulaire. Mais pour nous la mission est simple : sauter, s'installer sur un point d'appui et attendre les Viéts. Nous nous sommes positionnés sur ce qui allait devenir Anne-Marie. En décembre, nous devons accueillir le 8e BPC, poursuivi par les Viéts, au retour d'une mission d'infiltration en profondeur. C'est chaud. La zone est couverte d'herbes à paillote. L'artillerie et les mortiers y ont mis le feu. On se bat au coeur d'un incendie. Nous avons des pertes ; des légionnaires sont faits prisonniers. Nous nous rendons compte que nous avons affaire, non pas à des partisans, mais à une armée régulière.