L’Histoire, ce ne sont pas les pauvres fiches pour le bac sur le traité de Versailles, ce ne sont pas des pseudo-lois scientifiques qui régiraient à la baguette la marche du monde, l’Histoire, c’est du suspense, c’est pas mal de nécessité et un paquet de hasards… Alors, en ces temps de confinement, je vous prescris une série d’odyssées humaines qui racontent la liberté deshommes. D’abord, lisez Amerigo de Stefan Zweig. Une escroquerie qui marche toujours : comment des moines versés dans le marketing ont inventé qu’Amerigo Vespucci avait découvert l’Amérique. Et donné son patronyme « à l’insu de son plein gré » à un continent entier. Molière aurait pu en faire une pièce : Le Faussaire malgré lui . Ensuite, précipitez-vous sur La Religion de Tim Willocks (Éd. Sonatine), Alexandre Dumas d’aujourd’hui, maître de la 3D typographique, des effets spéciaux d’encrier, des bombardements exclamatifs de sang, de larmes et de sirop d’amour lors du siège de Malte par les Ottomans. en 1565. Un gigantesque péplum dont le héros est un janissaire défroqué qui ne renie pas l’islam, ni ses pères chrétiens, ni les femmes de Venise ou de Sicile qu’il croise. On ne lâche pas l’opus, même en cas de besoin pressant. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la période, je recommande la très puissante et rigoureuse Bataille des trois empires de l’historien Alessandro Barbero (Flammarion). Soit la mère des batailles navales modernes : Lépante (1571). Vos yeux fatiguent en soirée ? Alors prenez donc en podcast deux ou trois conférences de feu Henri Guillemin. De l’éloquence comme ça n’existe plus. Il galvanise toujours YouTube en noir et blanc, avec son bureau droit, ses trois notes qu’il regarde à peine, un bouquet de pauvres fleurs et le verbe sabreur qui plonge chez Michelet, Péguy ou Hugo. Choisissez son totalement injuste, partial et nécessaire Napoléon, sa formidable Commune, son chef-d’oeuvre et son phare : Jaurès. Vous verrez. Vous resterez bouche bée. Envahi par des mots qui maçonnent les mondes d’avant.  
 

Guillaume Malaurie