Peintre au double engagement
Jusqu'au 3 juillet, le musée d'Orsay présente en « inventeur du Moderne » celui qui, selon un critique d'art de l'époque, dressait « des barricades dans l'art comme d'autres en faisaient dans la rue ».
En 1853, Édouard Manet a 21 ans. Il est encore l'élève de Thomas Couture, le peintre des Romains de la décadence, toile emblématique du goût à l'antique de l'époque. Il effectue son premier voyage en Italie et y rencontre Émile Ollivier, avocat républicain qui sera le dernier chef de gouvernement du Second Empire. Sept ans après, Manet en fait un portrait-charge pour la revue littéraire et satyrique Diogène. C'est l'une de ses premières incursions en politique... En 1868, il rencontre Léon Gambetta au très prisé Café de Londres. Celui-ci est déjà cette figure républicaine reconnue, bientôt membre du gouvernement qui succédera à celui d'Émile Ollivier. Trois ans plus tard, quand Gambetta est élu député, Manet veut faire son portrait. Mais l'homme politique « ne put [lui] donner les heures de pose nécessaires ». Déçu, Manet n'en admire pas moins cet infatigable défenseur de la République.