Luther banni de l'Église
Le théologien et réformateur allemand défie l'autorité papale. Un duel perdu d'avance. Car Léon X est bien décidé à exclure les brebis galeuses prônant des idées jugées hérétiques. En voici les raisons.
L'histoire de la rupture de l'unité de la chrétienté débute sans doute avec l'angoisse lancinante qui étreint un croyant, Martin Luther, né le 10 novembre 1483 à Eisleben, en Saxe. À 14 ans, il est envoyé chez les Frères de la vie commune, qui régissent l'école latine de la cathédrale de Magdebourg, et devient un disciple du mouvement spirituel Devotio moderna, ce qui le porte à fixer sa foi sur la figure du Christ en Croix expiant les péchés des hommes et recevant les clés du Jugement. L'angoisse se fait déjà sentir, dans l'interrogation sur son aptitude à pouvoir, par la pénitence et les oeuvres de charité, mériter du Christ. En juillet 1501, à 18 ans, il entre à l'université d'Erfurt. La doctrine enseignée est alors le nominalisme ockhamiste, qui affirme l'impossibilité pour l'esprit de construire une métaphysique, la connaissance de Dieu étant irréductible à la raison. Ce qui aurait encore donné plus de force à la conscience pécheresse de Luther.