Lucrèce, la femme fatale
Elle l'est... contre son gré. Pion sur l'échiquier de son père, fiancée deux fois, veuve deux fois, elle finit par croire qu'elle porte malheur aux hommes.
Le duc de Ferrare, Alphonse Ier d'Este, demande en 1512 à l'orfèvre Giovanni Antonio Leli da Foligno de réaliser trois plaques d'argent gravées pour le tombeau en bronze de saint Maurelio placé au sein de la basilique Saint-Georges. Le prince veut ainsi remercier le saint pour la victoire qu'il vient de remporter à Ravenne contre la coalition du pape Jules II et de Venise. Sur l'une des trois plaques, figure l'un des rares portraits réalisés de son vivant de Lucrèce Borgia, épouse du duc depuis 1501. Elle y apparaît élégante, la chevelure délicatement surmontée d'un diadème de pierres précieuses et, dans une attitude toute dévote, elle présente son fils Hercule à Maurelio qui, d'une main, le bénit. De telles scènes, dédiées à l'intercession miraculeuse favorable aux princes de la Renaissance, sont particulièrement fréquentes.