L'Orient nourrit l'imaginaire
Hommes sans tête, dotés d'un pied ou d'immenses oreilles, satyres, licornes... Dans cette région du monde méconnue, voire inexplorée, l'étranger prend le visage du monstre. Un terreau fertile pour les littérateurs qui peuvent mettre en scène les peurs humaines.
Un des best-sellers de la fin du Moyen Âge est un récit de voyage en Orient, dont le personnage est un chevalier anglais, Jean de Mandeville, mort à Liège en 1372. Demeure-t-il énigmatique ? A-t-il seulement un jour quitté l'Europe ? Ce n'est pas sûr. À nos yeux, le récit de Jean de Mandeville n'est qu'un ramassis de racontars où l'on trouve bien des peuples fabuleux : les cynocéphales, ces hommes à tête de chien qui aboient au lieu de parler ; les hommes sans tête, dont le visage est au milieu des épaules ; certains qui se nourrissent de l'odeur des fruits. Et bien d'autres... Les plus amusants sont sans doute ces hommes « dont la lèvre inférieure est si grande que, quand ils veulent dormir au soleil, ils couvrent toute leur figure de cette lèvre inférieure » ! Jean de Mandeville n'est pas l'inventeur de ces êtres monstrueux.