L'homme qui prétait aux rois
Le portrait de Samuel Bernard 1651-1739 par Hyacinthe Rigaud symbolise la puissance quasi souveraine de celui qui fut le plus grand financier de l'époque classique lire notre article page 28 . Protestant, il choisit l'abjuration, après la révocation de l'édit de Nantes, pour mieux assouvir une soif démesurée d'or et de gloire, tempérée par une grande générosité - à plusieurs reprises, il sauve Paris de la famine en achetant des céréales à l'étranger -, par une fidélité affectueuse à sa famille et à ses amis, et une lucidité professionnelle sans faille - sa méfiance à l'égard du système de Law pendant la Régence en est le meilleur exemple. Lucidité qui l'abandonne cependant, chaque fois que le vertige de son ascension le saisit face à un roi de guerre trop souvent aux abois mais qui sait, sans rien perdre de sa superbe, lui donner, dans les jardins de Marly, l'illusion d'une royale familiarité.