L'homme à abattre
L'idée d'éliminer César s'insinue dans l'esprit des républicains intransigeants qui se figurent revenir au bon vieux temps une fois disparu le dictateur. Pour eux, le tyrannicide s'apparente au crime politique passionnel. Et il faut bien dire que César, partisan du pouvoir personnel, ne fait rien pour les rassurer.
César, patricien, neveu de Marius, avait relevé de ses cendres le parti « populaire », en avait pris la tête contre l'immobilisme du parti adverse, autoproclamé « parti des meilleurs » optimates , avait réalisé enfin l'essentiel du programme que, depuis les Gracques -133-123, les réformateurs, au prix de leur vie, essayaient vainement de mettre en oeuvre. Qu'il ait dû pour cela « confisquer » la République était considéré par ses partisans comme le prix à payer pour réformer enfin l'Etat et la société romaine. Que cela ait abouti à une guerre civile -49-45 était regrettable, mais Rome en avait tant vu depuis près d'un siècle ! Et voilà qu'autour de celui qui se fait nommer en -45 dictateur pour dix ans, puis sans limitation de durée à partir de février -44, les rumeurs circulent, alimentées par des incidents bizarres : la foule l'acclame du nom de roi le 26 janvier, Antoine lui offre le diadème royal le 15 février...