Les vainqueurs redistribuent les cartes de l'Europe
Au congrès de Vienne, Autriche, Angleterre, Russie et Prusse redessinent patiemment les pourtours de leurs territoires, avec la France comme invitée. De ce savant jeu de reconstruction naît une stabilité sur le continent de près de cinquante ans.
A Vienne, les vainqueurs qui refont l'Europe - et le vaincu, la France napoléonienne - ont en commun de mépriser la volonté nationale, après l'avoir tous utilisée comme arme de mobilisation psychologique. Qu'aurait réalisé le génie militaire et administratif de Napoléon sans le sentiment patriotique forgé entre la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 et la victoire de Valmy du 20 septembre 1792 ? Et qu'aurait fait, contre la Grande Armée, une coalition de monarques sans l'esprit de résistance des peuples espagnol, allemand et russe ? Mais la chance de la coalition est que, comme l'écrit Jean Tulard, Napoléon « est un homme du XVIIIe siècle encore marqué par le règne des despotes éclairés et qui ne comprendra que tardivement que, depuis 1789, les peuples veulent faire leur bonheur eux-mêmes ».