En raison de la défaite qui l'a suivie, la " drôle de guerre " demeure dans la mémoire nationale comme une période incompréhensible et presque honteuse au regard des grandes batailles des conflits précédents. Le livre de étonnamment clair et sensible, s'agissant de choix stratégiques, de matériel militaire ou de problèmes de mobilisation ou d'intendance, tord le cou aux clichés, notamment concernant la ligne Maginot. Celle-ci a bien rempli son rôle : obliger les Allemands à  la contourner, gagner du temps et économiser les vies en remplaçant les murs de chair par des forteresses de béton. L'essentiel est ailleurs, que révèle une étude nuancée des sources militaires et de la vie quotidienne sur le front, à  travers les lettres de simples soldats ou les commentaires parfois très lucides d'un Marc Bloch, d'un Paul Nizan ou d'un Jean-Paul Sartre évoquant " l'ahurissement collectif ".