
Les sacrifiés de la bombe
Ce 27 juillet 2021, lors d’un discours prononcé à Papeete, Emmanuel Macron a reconnu une « dette » de la France envers la Polynésie française en raison des 193 essais nucléaires qui y ont été réalisés entre 1966 et 1974. En 2004 déjà, Historia avait abordé la question, ô combien gênante, des « sacrifiés de la bombe » avec le lanceur d’alerte français, Bruno Barillot (1940-2017), spécialisé dans le suivi des armes et du nucléaire, confondateur de l’Observatoire des armements et de l’AVEN (Association des Vétérans des Essais nucléaires). Entre 1960 et 1996, dans le Sahara, puis le Pacifique, environ 150 000 personnes ont été exposées aux radiations lors des 210 tirs d'essais nucléaires effectués par la France. Avec des conséquences sanitaires et environnementales catastrophiques.
Visuel via Wikimedia commons : vue d'un hublot d'un DC6 survolant Mururoa pendant les essais nucléaires en 1971. Mission effectuée par le Sergent Chef Gérard Joyon, 5e RMP. Crédit Gérard Joyon.
Historia - Entre 1960 et 1996, la France a procédé à 210 expériences nucléaires dans le Sahara et dans les atolls du Pacifique de Mururoa et Fangataufa. Combien de personnes ont-elles été employées sur ces sites et combien ont été victimes de ces essais ?
Bruno Barrillot - L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, dans un rapport publié début 2002, avance le chiffre de 82 000 personnes - civils et militaires - employées sur les sites entre 1960 et 1996. Quelques mois après, dans une interview télévisée, Mme Flury-Hérard, médecin conseil du Commissariat à l'énergie atomique CEA, a parlé de 150 000 personnes. C'est ce chiffre qui est aujourd'hui retenu par le ministère de la Défense.