Les prémices du Marché commun
En fermant l'Empire aux marchandises anglaises, Napoléon cherche à ruiner un pays qui ne vit que de ses exportations. Si le blocus affaiblit nos propres ports, il oblige les Européens à produire les denrées qu'ils ne peuvent plus importer. Ainsi se dessinent les contours d'une alliance économique continentale.
Au mois de décembre 1812, après le désastre de Russie, Napoléon se confie, dans le traîneau qui le ramène à Paris, à son compagnon de voyage Caulaincourt. Répondant à certaines critiques à peine voilées de celui-ci, qui observe que le blocus continental l'a beaucoup desservi dans l'opinion des peuples, l'Empereur justifie cette politique par la nécessité de venir à bout de l'Angleterre. Il reconnaît que le blocus réalise une sorte d'unité européenne contre lui, dans la souffrance et la pénurie, mais fait valoir que ces épreuves sont partagées par la France elle-même, qu'elles sont provisoires et, surtout, qu'elles auront le bien commun pour résultat. Européens, encore un effort, tel est le message. La victoire est proche, ce sera celle de la France, mais aussi la vôtre, elle vous libérera tous du despotisme commercial de l'Angleterre.