LES PÂQUES HIVERNALES DU BEAUJOLAIS
Les crus de cette région mûrissent des mois. Sauf le beaujolais nouveau.
L'expression est ancienne affirmant que le vin doit faire ses pâques - c'est-à-dire être laissé en tonneaux jusqu'à Pâques - avant sa mise en bouteilles. L'intérêt premier pour les rouges était que le tartre se dépose au fond des cuves ou des tonneaux sous l'effet du froid hivernal. Pour les anciens, le vin jeune devait surtout calmer ses ardeurs avant d'être présentable. En Bourgogne, il devait même faire deux fois ses pâques avant d'acquérir suffisamment de caractère. Avec l'avènement du beaujolais nouveau, dans les années 1975-1985, plus question de laisser le vin dormir en cave. Le gamay, exhalant très tôt ses arômes de fruits rouges après une vinification courte, se prêtait mieux que tout autre cépage à cette attente de vin nouveau qui déferlait sur les zincs des bistrots dans la grisaille du troisième jeudi de novembre.