Les Mille Mots du citoyen Morille Marmouset
Robespierre de la rationalisation du langage, le citoyen Marmouset s'emploie à composer un lexique de mille mots, choisis et définis selon la Raison. S'il n'y avait la cocasserie des personnages et des situations, ce livre passerait pour le roman le plus antirévolutionnaire qu'on ait lu depuis longtemps. Ridiculisés à chaque page, les sans-culottes y sont présentés sans culture et sans scrupule. Complice inconscient de la Grande Terreur, le « patriote grammairien » est l'allégorie d'une révolution qui engendre l'horreur totalitaire, enveloppant ses outrances dans« un tourbillon de mots ». Tragique et loufoque, le récit est un habile enchevêtrement de quiproquos, qui révèle le pouvoir insoupçonné des mots. Jouant avec les doubles sens et les malentendus, l'auteur donne raison au citoyen Marmouset... et se réjouit en même temps de ce qu'il n'ait jamais existé. Y. B.