Pierre Racine n'a pas oublié les coups de règle sur ses doigts. Le cours préparatoire fut un supplice. Être gaucher dans une école traditionnelle dijonnaise, au coeur des années 1930, ne passait pas inaperçu. Second d'une fratrie de cinq, avec deux parents employés à la Poste, Pierre grandit dans un milieu petit bourgeois, entre un frère passionné par les travaux manuels et un autre féru d'Histoire, de onze ans son aîné, qui lui laisse une bibliothèque bien garnie. De la comtesse de Ségur aux Misérables de Victor Hugo en passant par l'Ami Fritz d'Erckmann-Chatrian, son recueil favori, Pierre lit tout. C'est un bon élève. Il fait hypokhâgne à Dijon, puis monte à Paris pour faire khâgne au lycée Henri-IV, mais échoue à Normale Sup.