Le triomphe du paradoxe
A la fin de l'année 1957, chacune des parties affirme avoir gagné cette "bataille". Seulement voilà, la France s'est discréditée devant la communauté internationale, et que le FLN a été chassé d'Alger...
Les événements qui se déroulent à Alger durant l'année 1957, lorsque le général Massu y est chargé du maintien de l'ordre, ressortent de la répression impitoyable d'une grève aux prétentions insurrectionnelles. Ils n'ont rien à voir avec le combat livré entre deux armées, définition classique et irréfutable du mot « bataille ». Mais l'intérêt commun des adversaires est de clamer qu'il y a bien eu bataille. Chacun se grandit, devant l'opinion internationale et nationale, en invoquant l'ampleur de l'affrontement. Elle justifie les moyens énormes utilisés par les parachutistes, désireux de démontrer leur efficacité. Elle sert la légende de Yacef Saadi, responsable de l'organisation politico-militaire du FLN : il peut clamer que l'armée française dans sa totalité a dû se mobiliser contre lui. En ce sens, tous les adversaires ont gagné : nul, près d'un demi-siècle plus tard, ne conteste la réalité d'une « bataille d'Alger ».