Le premier rôle d'une comédie expiatoire
Au lendemain de l'hécatombe de la Grande Guerre, Landru incarne un statut social obsolète, celui du petit rentier de la fin du XIXe siècle. Un profil idéal pour tenir la vedette face à la presse et au public.Extrait de "Landru, bourreau des coeurs", de Gérard A.Jeager l'Archipel
Si l'armistice de 1918 est un soulagement pour l'ensemble de la population française, elle ouvre une ère de difficultés économiques et sociales dont il est difficile d'imaginer l'ampleur au moment où retentissent les chants des vainqueurs. " La victoire nous sauve au-dehors comme au-dedans, mais il y aura des moments très durs à passer ", écrit l'ambassadeur de France Paul Cambon dans une lettre à son fils datée du 11 novembre. Puis il insiste en lui parlant des " grandes difficultés " qui attendent le pays. " Je n'ose les envisager ", finit-il par lui avouer. Mais la revanche est consommée pour ceux qui se rappellent encore la défaite, la blessure et la honte de Sedan. Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du palais de Versailles - témoin du triomphe de Bismarck en 1871 - les délégués allemands, vétus de redingotes noires, signent l'effondrement du IIe Reich.