
Le piège de Caluire heure par heure

Après l'arrestation à Paris, début juin, du chef de l'Armée secrète, les principaux acteurs de la Résistance, dont Jean Moulin, se retrouvent le 21 juin à Caluire, près de Lyon, dans la maison d'un sympathisant, pour envisager le futur de l'organisation. Une réunion à haut risque, dont les Allemands n'ignorent rien.
Le colonel Lacaze, qui connaît l’adresse de la réunion grâce à Bruno Larat, responsable du Copa (Centre des opérations de parachutages et d’atterrissages), arrive le premier au domicile du Dr Dugoujon, où doit se tenir la réunion, prévue pour 14h30.
Lacaze est conduit au premier étage par la domestique du docteur, Marguerite Brossier.
André Lassagne – qui connaît l’adresse – conduit Henri Aubry et René Hardy à la maison. Ils se sont retrouvés à 13h40 au funiculaire de la Croix-Paquet puis ont pris le tram n°33. Ils sont descendus à l’arrêt des Frères puis ont marché jusqu’à la maison.
La bonne du Dr Dugoujon les fait monter au premier étage.
Hardy est filé depuis Lyon par Edmée Delétraz, résistante “retournée” par la Gestapo. En vue de la maison, elle fait demi-tour, reprend le tram et le funiculaire. À la Croix-Paquet, elle prévient les Allemands.
Bruno Larat arrive tout seul. Il est l’un des organisateurs de la réunion de Caluire et connaît donc l’adresse du Dr Dugoujon. Il retrouve au premier étage ses compagnons d’armes précédemment arrivés.
Arrivée de Jean Moulin, de Raymond Aubrac et du colonel Schwarzfeld. Moulin est le seul à connaître l’adresse. Ils ont une demi-heure de retard, car Schwarzfeld n’était pas au rendez-vous au terminus du funiculaire de la Croix-Paquet.
La domestique du Dr Dugoujon, croyant avoir affaire à des patients, les introduit dans la salle d’attente du rez-de-chaussée, où se trouvent déjà quelques malades.
Plusieurs tractions avant s’arrêtent devant la maison du docteur. Une dizaine d’Allemands, emmenés par Klaus Barbie, en descendent. Ils pénètrent à l’intérieur et y arrêtent les personnes présentes. Vérification des identités et interrogatoires.
Les hommes menottés sont transférés dans les voitures des Allemands. René Hardy, qui est le seul à ne pas avoir de menottes (ses mains sont attachées par une sorte de ficelle appelée “cabriolet”) échappe à la surveillance des Allemands. Ceux-ci ouvrent le feu sur lui et le blessent. Ils se lancent à sa poursuite mais perdent sa trace dans une sorte de terrain vague proche de la maison du docteur.
Hardy y reste caché jusqu'au départ des Allemands.
La rédaction
Illustrations: Hugues PIolet.