
C'est un vrai cordon bleu

Qui ne connaît le fameux cordon rouge ? Ce ruban moiré et couleur de feu est l’ambition de beaucoup de personnes, puisqu’il représente la Légion d’honneur. Il existe aussi un cordon bleu, également moiré et bleu, qui représente aujourd’hui l’ordre du Mérite national. Mais sous l’Ancien Régime, ce cordon bleu était celui de l’ordre du Saint- Esprit, fondé par Henri III le 31 décembre 1578. Cette distinction était réservée à l’élite : pas plus de cent membres, dont le roi était le grand-maître, les dauphins et princes du sang admis de droit, très jeunes. Il fallait prouver trois quartiers de noblesse et avoir un âge certain pour recevoir la croix accrochée à cet envié cordon bleu (qui se portait en sautoir, de l’épaule gauche au côté droit). Au début du XXe siècle, une sorte de mode des cordons bleus se développa. Et s’il y eut le cordon bleu des beaux esprits, il y eut aussi celui des cuisinières. On pourrait également évoquer le ruban bleu qui couronnait les paquebots effectuant la traversée de l’Atlantique dans le meilleur temps. Bientôt, on dit d’une excellente cuisinière — un peu en guise de plaisanterie — qu’elle était un vrai cordon bleu. Le terme est resté.
Tiré du livre Petit dictionnaire des expressions nées de l’Histoire, de Gilles Henry © Éditions Tallandier.