Le martyr fauteur de troubles
Pour Marie-Françoise Baslez, les persécutions dans le monde gréco-romain ne résultent pas d'un choc de civilisation entre monothéisteset polythéistes. Une étude brillante qui fait tomber bien des préjugés.
La perspective adoptée par l'auteur, examiner les persécutions non plus dans le seul cadre strictement chrétien, mais à l'échelle de la civilisation gréco-latine, oblige à reconsidérer la question des persécutions religieuses. Non comme un choc des civilisations, avec un polythéisme tolérant et des monothéismes fanatiques, mais comme une évolution plus ou moins heurtée des rapports entre le politique et le religieux. Si, dans l'ensemble, les religions étrangères ne subissent pas d'interdiction à l'époque classique, les menaces réelles ou fantasmées à l'ordre public, entraînent une répression énergique. Le procès de Socrate, condamné pour impiété en 399 av. J.-C., demeure l'archétype de la condamnation injuste, et le scandale des Bacchanales, en 186 av. J.-C. à Rome, met en place un cadre de référence, utilisé devant les tribunaux jusqu'au milieu du IIIe siècle de notre ère, face aux chrétiens.