Le japon face à son passé récent
Des Japonais revisitent leur politique expansionniste du début du XXe siècle
L e sanctuaire de Yasukuni est un havre de paix au coeur de la trépidante Tokyo. Ce temple shintoïste a été bâti en 1869 pour recevoir les âmes déifiées des Japonais ayant donné leur vie pour leur pays. Entre la restauration Meiji 1868 et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les esprits de près de 2,5 millions de héros y ont été accueillis. Le temple est « une institution dédiée à la glorification de l'armée nationale », explique l'historien Arnaud Nanta, auteur d'un article « Histoire et mémoire dans le Japon d'après-guerre » Etudes, octobre 2005. On y révère les 13 000 morts du premier conflit sino-japonais de 1895 qui entraîna l'annexion de Taiwan. On s'y souvient également des 80 000 tués de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, qui permit à l'empire d'imposer son protectorat sur la Corée. Mais le gros du bataillon des martyrs est formé par les 2,3 millions de soldats tombés pendant la « guerre de Quinze Ans » 1931-1945.