Le Grand Condé joue son va-tout
Passer à l'ennemi, surtout lorsqu'on est à la tête des armées, est un crime de haute trahison. Mais si le coupable est poussé à la révolte par la nécessité de sauver son honneur et son clan ? Éclairage inédit sur un personnage controversé.
Depuis la victoire de Rocroi, le 19 mai 1643, qui arrête les Espagnols aux portes de Paris, puis dans les années qui suivent celles de Nördlingen, Fribourg et Lens, Condé est un héros national. Tel le Cid - la pièce de Corneille est créée en 1636 -, il apparaît comme le bras armé de la Couronne et le plus sûr appui d'un enfant-roi qui, en 1648, au début de la Fronde, n'a que dix ans. Né en 1621, Louis de Bourbon est le fils d'Henri II de Bourbon, prince de Condé, cousin d'Henri IV et son plus proche héritier avant la naissance du futur Louis XIII en 1601. Sa mère est Charlotte de Montmorency, dernière passion d'Henri IV qui, pour s'en assurer l'exclusivité, l'a mariée avec le prince Henri, réputé homosexuel. On connaît la suite... Pour soustraire sa femme aux assauts séniles du barbon couronné, le prince de Condé s'enfuit avec son épouse aux Pays-Bas espagnols. De retour en France après la mort d'Henri IV, il est embastillé en 1616 pour s'être opposé aux Concini.