LE FORTIN DE SARAH BERNHARDT
Dans un lieu sauvage, « la Divine » achète et réhabilite un bâtiment militaire, devenu havre de paix.
Belle-Île. Pointe des Poulains. Il est midi et le soleil rayonne. À mes pieds, les vagues furieuses se brisent à grand fracas sur les parois de schiste. Devant moi, l'horizon s'offre sans partage. Je comprends tout à coup ce que la Divine est venue chercher dans ce bout du monde. En 1894, Sarah Bernhardt a 50 ans ; elle revient tout juste d'une tournée de deux ans aux États-Unis. Son ami, le portraitiste mondain Georges Clairin, propriétaire d'une maison près de Pont-Aven, lui propose une excursion. Ils prennent le bateau à vapeur de la presqu'île de Quiberon et débarquent à Palais, à mille lieues de la vie parisienne. Au milieu des pêcheurs et des femmes du peuple, Sarah - qui est alors la Française la plus connue du monde -, retrouve la simplicité de son enfance. Fille d'une courtisane, elle fut placée en nourrice à Quimperlé dès sa naissance, en 1844.