Les Oscars, 90 ans plus tard

La première remise de récompenses du cinéma américain a eu lieu en 1929. Une autre époque.

C’est l’une des manifestations les plus attendues dans le domaine du cinéma : les Oscars décernés dimanche à Los Angeles ont couronné Green Book : Sur les routes du Sud, qui a reçu le double titre de meilleur film et de meilleur scénario. On pourrait croire qu’au fil des ans ou des époques, ce genre de cérémonie, tellement bien balisée, perd un peu de son aura. Mais pas du tout : le cinéma américain continue de briller avec toujours de nouvelles stars et/ou des anecdotes piquantes pour attiser la curiosité des spectateurs.

1929-2019. Les Oscars fêtent leurs 90 ans

Ce week-end, les Oscars à Los Angeles tout simplement fêté leur 90ème année d’existence. La manifestation inaugurale s’est tenue en effet au printemps 1929. Le climat est alors beaucoup plus confidentiel : quelque 250 personnes participent à un dîner privé organisé à l’Hotel Roosevelt à Hollywood. A l’époque, il n’y a ni radio ni télévision pour couvrir l’événement en direct : la cérémonie en tant que telle est d’autant plus brève, environ un quart d’heure, que le nom des lauréats a déjà été communiqué par la presse. Cette année 1929 est importante à plus d’un titre pour le cinéma américain : elle correspond en effet aux premiers pas du cinéma parlant. A ce moment-là, on tourne très vite, à tel point que plusieurs centaines de longs métrage sont en projet. Deux genres se taillent la part du lion : le mélo et le western. Au début des années 1930, la comédie monte en puissance, au même titre que les films attestant de la dure réalité sociale. Mais certains studios continuent à envisager le cinéma comme un pur divertissement : la Fox par exemple attend 1940 et son adaptation des Raisins de la colère pour s’intéresser à une réalité plus crue de l’Amérique.

Les Oscars et le maccarthysme

Les Oscars ne sont pas seulement une manifestation artistique, selon les époques, ils se teintent aussi d’une coloration politique. La période du maccarthysme, au carrefour des années 1950, éloigne des dizaines d’artistes des récompenses et les empêche même de travailler : d’où le départ par exemple de Charlie Chaplin pour l’Europe. Comme beaucoup d’autres, les gens de cinéma sont sommés de répondre aux questions de la Commission des activités antiaméricaines qui entend débusquer le moindre soutien aux idées communistes. Pour continuer à travailler, certains travaillent sous un faux nom, comme le scénariste Dalton Trumbo, récompensé par l’Oscar du meilleur scénario en 1956 sous le pseudonyme de Robert Rich. La vie de Trumbo a fait l’objet d’un biopic, sorti sur les écrans en 2016. Les Oscars illustrent bien ce rapprochement de la grande et la petite histoire.   
Frédéric de Monicault

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