LE BOULIER
Les Anciens avaient la bosse des maths, et, dès le VIE SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE, les Grecs de Salamine effectuent leurs calculs sur cet instrument. De compte pour les uns, de torture pour les autres !
Caillou » et « calcul », même combat. Car, on ne le dira jamais assez à nos étudiants en mal d'humanités, l'étymologie, c'est la base. À l'origine, donc, étaient les pierres. Et comme l'homme a toujours cru bon de compter, il lui a paru naturel de s'en servir. Rien de plus utile, en effet, que cette caillasse dont un dieu fantasque et généreux a si complaisamment tapissé la planète ! Ainsi, au moment de monter à l'assaut, tout guerrier abyssinien avait-il coutume de déposer un galet auprès de ceux que ses frères d'armes avaient amoncelés avant lui et s'empressait-il de le retirer sitôt la bataille terminée. C'était là un moyen rudimentaire, mais somme toute judicieux, de comptabiliser les morts tombés au champ d'honneur. Il a bien fallu améliorer cette méthode pour le moins primitive, et seule la médecine conserve aujourd'hui mémoire de l'originel « calcul » (calculus, « caillou »).