L'avocat de la liberté de conscience
De toutes les critiques formulées par la classe dirigeante contre la révocation de l'édit de Nantes, il n'en est pas de plus explosive que celle contenue dans le Mémoire sur le rappel des huguenots, que Vauban rédige et remanie sans cesse entre 1689 et 1692.
Vauban n'a formulé ses idées religieuses que tardivement et dans des circonstances exceptionnelles : les persécutions antiprotestantes qui ont précédé et suivi la révocation de l'édit de Nantes par l'édit de Fontainebleau d'octobre 1685. La révocation de 1685 n'est en effet qu'une étape dans un processus politique entamé dès la prise du pouvoir par Louis XIV : l'entreprise d'extinction de l'hérésie est, en politique intérieure, la grande pensée du règne, clairement énoncée par le roi dans ses Mémoires composés dans les années 1660 et 1670 à l'intention du Grand Dauphin.