L'attaquant maîtrise la défense
L'avantage quand on sait s'emparer d'une ville, c'est qu'on sait aussi la protéger. Cinquante années d'expérience permettent à l'ingénieux Vauban d'améliorer le système des fortifications et de codifier les pratiques de la guerre de siège.
Entre 1653 et 1692, Louis XIV assiste à une trentaine de sièges. Contrairement à Turenne et à Condé, il apprécie cette forme de guerre qu'il peut planifier et qui, selon Vauban, « expose moins les Etats et assure mieux les conquêtes ». En effet, une redoutable incertitude plane sur le champ de bataille, alors que disposer d'une place forte, c'est contrôler un carrefour essentiel, une source de ravitaillement et un casernement. Entre 1652 et 1703, Vauban participe à 46 sièges ou défenses de places fortes, acquérant une rare expérience dans un métier où l'on meurt jeune : il est ainsi le seul ingénieur survivant du siège de Montmédy 1657. Intelligent, courageux et aussi ambitieux, il remplace son maître, le chevalier de Clerville 1610-1677, dès les sièges de Clermont-en-Argonne 1654 et Gravelines 1658. En 1667, le roi le remarque quand il prend Douai en trois jours et Lille en neuf.