L'ARSENIC, UNE HISTOIRE VÉNÉNEUSE
Sous la Renaissance, le poison des rois devient le roi des poisons, avant de s'imposer comme la star des faits divers.
De l'Antiquité à Agatha Christie, l'arsenic s'impose comme le produit essentiel de la pharmacie mortelle. L'Histoire des sires et des ducs de Bourbon (1835) rapporte qu'au XIVe siècle Charles le Mauvais, roi de Navarre, veut se débarrasser de Charles VI, roi de France. Il donne des instructions précises à un ménestrel, Robert Woudreton : « Il est une chose qui s'appelle arsenic sublime, si un homme en mangeait aussi gros qu'un pois jamais il ne vivrait. » Le musicien sera arrêté avant de commettre son forfait. Sous la Renaissance, l'historien italien François Guichardin nomme cette poudre blanche d'arsenic le « poison des Borgia » (lire p. 50-51). En 1550, dans son Historiarum sui temporis (« histoires de son temps ») parue à Venise, l'évêque Paolo Giovio, grand connaisseur de produits toxiques, donne à cette poudre blanche sucrée le nom de cantarella.