L'appétit d'ogre du Léviathan
Mieux vaut ne pas réveiller le monstre. Pas seulement à cause de ses crocs acérés, mais aussi parce qu'il est le Mal incarné, Satan, l'enfer. Le christianisme l'utilise pour faire peur aux pécheurs...
Le sacré est omniprésent dans la pensée médiévale et, pour les humbles, il se manifeste encore dans une pierre, un arbre, une source. La religion chrétienne, qui a pénétré lentement en Occident, est devenue populaire au XIIIe siècle seulement, et il faudra encore quelques siècles pour que les habitants des terres reculées se détachent de leurs croyances ancestrales. Le christianisme s'est surimposé aux croyances anciennes, plus qu'il ne les a effacées. De ce fait, nombre de mythes païens y ont gardé une place. À ceux-là, se sont ajoutés les légendes juives tirées du Premier Testament ou des livres apocryphes. Même les chrétiens les plus savants ont fait leur les mythes de la création, de la tentation d'Adam et d'Ève par le serpent, de la chute, du déluge, du ciel et de l'enfer, toujours représentés dans une opposition radicale. Le salut et la damnation sont mis en parfait équilibre et les souffrances des damnés doivent correspondre à la félicité céleste.