L'Afrique, eldorado des marchands bordelais
Certaines familles d'armateurs s'enrichissent grassement avec la traite. Les Nairac, par exemple, deviennent propriétaires d'un vignoble, aujourd'hui réputé. Pour s'assurer des gains optimaux, les négriers s'appuient sur des capitaines de vaisseaux rusés. Brugevin, sur La Licorne est un modèle du genre.
Le 18 janvier 1787, par vent favorable, le trois-mâts La Licorne appareille de Bordeaux, descend la Garonne jusqu'à son embouchure et, laissant le phare de Cordouan au nord-ouest, « dirige sa route suivant les ordres de ses armateurs ». Son capitaine, Joseph Brugevin, constate que « tout est dans le meilleur état possible, le navire pourvu de son gréement, rechanges, pièces à eau pour la contenance de six cents barriques et des vivres pour dix-huit mois de voyage ». La Licorne est un négrier, chargé par le bureau des Fermes de Bordeaux de lettres patentes l'autorisant « à se rendre sur la côte Mozambique en passant par l'îsle de France l'île Maurice pour y chercher 500 nègres et les transporter dans les colonies françaises de l'Amérique, particulièrement dans l'isle et côte de Saint-Domingue ».