LA NUIT NAZIE
Une haute fenêtre donne sur la place des Héros : Vienne, mars 1938, la foule acclame Hitler après la proclamation de l'Anschluss. 1988, en pleine affaire Kurt Waldheim, le professeur Schuster, juif, retraité, s'y défenestre. On attend sa veuve qui arrivera tardivement. On se prépare pour l'enterrement et le dîner. Le metteur en scène recrée l'univers sombre de Bernhard, son écrivain fétiche. On cire les chaussures alignées, on plie les chemises dans un rituel obsédant qui révèle la présence du mort. Bruit des vitres cassées pendant la Nuit de cristal. Rituel d'un repas aux allures de Cène. On se souvient du professeur tyrannique, de son mauvais caractère, de ses caprices. Affluent les rivalités, les haines. Bernhard abhorrait une Autriche antisémite et nazie. Et la pièce met douloureusement le doigt sur la persistance du nazisme. À la fin de chaque acte, rien ne se passe, une vacuité impensable au théâtre qui annonce les démons à venir.