La Nuit au Moyen Age
Il est difficile à l'homme du XXIe siècle d'imaginer la noirceur de la nuit médiévale rendue plus profonde encore par la densité de forêts très étendues. Du coucher au lever du soleil, les ténèbres règnent et réveillent dans le coeur de chacun les peurs ancestrales. La nuit médiévale, marquée par la sonnerie des cloches, soir et matin, n'est pas plus noire que la nuit des temps préhistoriques, comme l'explique Jean Verdon dans sa passionnante étude, rééditée en poche, mais le Moyen Age s'efforce de maîtriser la nuit et les terreurs qu'elle suscite d'une manière particulière. L'obscurité est associée au diable et à la mort, aux sorcières et aux loups-garous. L'absence de lumière, hormis celle, blafarde et inquiétante, de la lune, favorise les fantasmagories, mais aussi les délits bien réels tels que tapages d'ivrognes, agressions, règlements de comptes et autres meurtres contre lesquels paysans et bourgeois tentent de s'organiser.