La Grande Guerre
Gabriel Chevallier est l'auteur de Clochemerle , et on retrouve ici, souvent, son goût du grotesque et son anticléricalisme. Mais au-delà de ces ingrédients un peu datés, ce roman de 1930 raconte sa guerre : les tranchées, une hospitalisation, le retour dans un secteur moins exposé, la vie quotidienne et donc la mort, la boue, les cadavres : la peur annoncée par le titre. La révolte latente contre le « bourrage de crâne » et l'imbécillité des stratèges. La nécessité pourtant de se battre. La contrainte incarnée par une gendarmerie d'autant plus détestée qu'elle est ressentie comme « planquée », et le consentement au sacrifice, moins pour la patrie que pour les « copains ». Même filtré par la mémoire et le « plus jamais ça » d'après 1918, cela donne un beau témoignage, à lire d'une traite. É. V.