LA DISPARITION DU MASQUE DE FER
VOLTAIRE, DUMAS, PAGNOL ET MÊME HOLLYWOOD ONT FAIT DE CE DÉTENU CÉLÈBRE UN JUMEAU ENCOMBRANT DE LOUIS XIV. TROIS SIÈCLES APRÈS SA MORT, LES HISTORIENS PRIVILÉGIENT UN AUTRE SCÉNARIO : CELUI D'UN HOMME QUI EN SAVAIT TROP.
La Bastille. Un homme d'environ 45 ans sort de la chapelle de la forteresse. Rentré dans sa cellule, habitué du régime carcéral, il s'écroule. Crise cardiaque ? Embolie pulmonaire ? Hémorragie cérébrale ? Sans doute quelque chose comme cela. L'embolie paraît probable, car le prisonnier est resté enfermé trente-quatre ans sans faire beaucoup d'exercice, d'où une mauvaise circulation sanguine. Cette sédentarité semble avoir entraîné un gonflement des jambes : « Il avait la jambe un peu trop fournie pas le bas », paraît-il. Il éprouvait aussi parfois des difficultés à respirer, puisque son geôlier, Bénigne Dauvergne de Saint-Mars, a écrit au marquis de Louvois dès le 3 mai 1687, à l'issue du transfert du prisonnier d'Exilles aux îles de Lérins : « Je n'ai resté que douze jours en chemin, à cause que mon prisonnier était malade, à ce qu'il disait n'avoir pas autant d'air qu'il l'aurait souhaité.