
L'HISTORIEN ET LE PLAISIR DE L'ARCHIVE INÉDITE
«Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. » Peut-être est-ce au fond pour cela que l'historien court sans cesse après ses archives. Certes, cela fait partie du métier. Chaque nouveau projet, chaque nouveau livre l'amène à réfléchir sur sa position face à son sujet, sur la ou les questions qu'il devra poser et, pour reprendre un mot un peu barbare, à définir le « champ » de ses sources. On est là du côté de l'établi, de la fabrique de l'Histoire. « Je suis dans la forêt », fait dire Julien Gracq au lieutenant Grange dans Un balcon en forêt , comme pour mieux souligner le plaisir que ce dernier éprouve à disparaître. L'historien, lui, est dans le labyrinthe et veut en sortir. L'analyse critique lui tient lieu tout à la fois de compas et de boussole. Qui écrit quoi, pour qui, et quand ? Une source, cela peut être un rapport, un compte rendu administratif ou statistique, une lettre intime.