L'écureuil, symbole de Nicolas Fouquet
Une mascotte bien choisie : la progression de ce rongeur, qui gravit avec agilité les troncs d'arbre, rappelle les manoeuvres du puissant surintendant de Louis XIV pour s'élever jusqu'au sommet de l'État.
Prenez le temps de l'observer... Regardez-le se hisser avec agilité le long des troncs d'arbre. Il lui suffit de quelques secondes pour parvenir à la cime, et il s'y promène à son aise, ne craignant ni le vertige ni le manque d'équilibre, se rétablissant à tout instant grâce à sa queue. Décidément, non seulement l'écureuil est un petit mammifère amusant à voir trotter et grimper, mais il est aussi riche d'enseignements pour ceux qui se plaisent à le suivre du regard...
Cet animal plein de charme et de malice a même été chanté par Jean de La Fontaine dans l'une de ses fables, non publiée de son vivant, Le Renard et l'Écureuil. Encore une fois, l'auteur y raconte une page de l'histoire des hommes. Il s'agit ici du combat qui a opposé en son temps le surintendant des Finances Nicolas Fouquet au puissant ministre Jean-Baptiste Colbert. Ce fut un combat de titans, un combat à mort ! Le choix de ces deux animaux n'est pas anodin. La Fontaine a transformé Colbert en renard, tant il est malin, patient et rusé. Fouquet - puissant mécène qui protégeait La Fontaine - étant devenu l'écureuil, symbole d'esprit indépendant, d'agilité et de vivacité. Pourtant, dans le cas présent, le fabuliste ne fait pas oeuvre de créateur. Ce n'est pas lui qui a imaginé de transformer son maître en écureuil, il l'était déjà... enfin presque.
Il faut avouer que Nicolas Fouquet est un homme à l'esprit rapide. Il comprend vite et sait parfaitement où se trouve son intérêt. C'est à Paris qu'il voit le jour, en janvier 1615. Son père, François Fouquet, est un proche du cardinal de Richelieu, ce qui va l'aider dans son ascension fulgurante. Il avance vite et bien, au coeur des allées du pouvoir, il échappe aux pièges tendus, il sait se faire de solides amitiés... Bref, il tient parfaitement en équilibre.
Tout cela rappelle notre animal, celui-là même qui vit en totale liberté, dans un parfait équilibre entre la terre ferme et le sommet des arbres. On retrouve une lointaine croyance des Germains, qui voyaient dans le rongeur un messager entre le serpent et l'aigle. Alors oui, Nicolas Fouquet est depuis toujours l'un de ces écureuils de la politique, d'autant plus qu'il a choisi cet animal comme image à glisser sur ses armes avec la devise Quo non ascendet ?, qui se traduit par : « Jusqu'où ne montera-t-il pas ? » Et en plus, son patronyme, « Fouquet », désigne un écureuil en gallo, cette langue bretonne.
Dans le château de Vaux-le-Vicomte, que Nicolas Fouquet a fait construire, l'écureuil est partout présent. Sur les murs et en liberté dans le parc. Ce même château qui signera sa perte au soir d'une fête mémorable, le 17 août 1661. Par excès d'orgueil, l'écureuil était monté trop haut, trop près du Soleil. Louis XIV décide de le déséquilibrer, et laisse tomber Nicolas Fouquet. L'homme-écureuil vient de mordre la poussière.