
NE PAS POSER LE PAIN À L'ENVERS
Cet aliment revêt un caractère sacré. Mais cela ne suffit pas à expliquer pourquoi, depuis le Moyen Âge, on doit se garder de le retourner sur la table.
Visuel : L’homme qui enfourne, anonyme, estampe, eau-forte, collections du Musée Carnavalet, Histoire de Paris©CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet
Le judaïsme en fait un objet de bénédiction, avant que les chrétiens ne fassent de même. C'est lui que l'on réclame à Dieu comme seul aliment indispensable. À cette dimension matérielle s'en ajoute une autre, spirituelle, qui renvoie au corps du Christ et à l'eucharistie, le « vrai pain » dans la liturgie catholique. Dur à gagner, il ne peut être gâché, ce qui reviendrait à le profaner et à insulter ceux qui en manquent : même rassis, on ne jette pas le pain. En souvenir de la Cène, on ne le coupe pas au couteau, mais on le rompt, usage qui perdure dans nombre de régions. Dans le même souci de respect, le chef de famille, presque partout, avant d'entamer la miche, trace une croix dessus en un geste de consécration, pour remercier le ciel d'avoir, une fois encore, donné de quoi manger à tous.