LA DÉSINFORMATION MILITAIRE, QUE LES ANGLO-SAXONS APPELLENT « deception », ne vise pas seulement à faire gober un renseignement bidon à l'ennemi. Elle doit le pousser à agir dans le sens voulu en modifiant son dispositif ou, au contraire, en le maintenant. En 1944, alors que la décision de débarquer en Normandie a été prise, le problème se pose ainsi : 1. Il faudra « faire savoir » aux Allemands que le débarquement allié « aura lieu » partout ailleurs en France, du moins partout ailleurs qu'en Normandie. Autrement dit, le conduire à maintenir son dispositif qui privilégie l'hypothèse d'un assaut contre le pas de Calais. 2. Les jours suivants, on devra les persuader que l'opération de Normandie ne serait qu'une feinte destinée à lui faire dégarnir le pas de Calais. 3. En cas de réussite, il faudra désorienter de façon analogue les Allemands pour couvrir le débarquement franco-américain en Provence, également programmé.