Tout est sacré ou presque chez les Incas comme le constate au début du XVIIe siècle le jésuite Bernabé Cobo découvrant l’omniprésence de la religion dans leur mode de vie. Une religiosité païenne que l’Église ne peut bien entendu tolérer mais dont elle mesure la puissance et l'emprise sur les corps et les esprits tout en cherchant à y déceler des aspects compatibles avec les valeurs chrétiennes. Foisonnante, protéiforme, incluant sacrifices humains, rituels innombrables et une profusion de dieux et de sanctuaires, elle ne dissocie pas le sacré du profane.

La religion des Incas : un kaléidoscope de croyances

L’anthropologue et historienne Carmen Bernand nous convie à une exploration en profondeur de ce « kaléidoscope de croyances » tout en soulignant son originalité et va jusqu’à faire des Fils du Soleil des précurseurs d’une certaine modernité. L’immense empire inca, modèle de rationalité mathématique et d’administration rigoureuse, maître de l'espace-temps, repose sur une vision métaphysique du monde à la fois héritée de celle des Amérindiens et singulière, imposée aux peuples conquis. Son exposé, très clair et soutenu par de nombreux exemples concrets, rend cette civilisation « triomphante de la nature à l’état pur mais puisant en elle sa force » d’autant plus fascinante. Partez à la découverte d’un monde où même « les pierres brutes peuvent pleurer ».
Véronique Dumas

La religion des Incas de Carmen Bernand (Les éditions du Cerf, 312 p., 22 €)