Cisterciens : le missel et la bêche
Les fruits de la terre ont beau être une bénédiction du Ciel, il ne faut pas se ménager pour les obtenir. La robe de bure des moines n'entrave en rien leur travail aux champs. Prière et labourage, mode d'emploi.
Au XIe siècle, le monachisme traditionnel, incarné par Cluny, est à son apogée. Pour autant, l'opulence des clunisiens, ces grands seigneurs fonciers, est en décalage avec l'idéal de vie apostolique qui imprègne la spiritualité du temps, marquée par la réforme grégorienne. Prônant cet idéal, des moines réformateurs revendiquent un rejet du monde, une ascèse plus stricte et une pauvreté réellement vécue. Parmi eux, Robert, abbé de Molesmes. Le 21 mars 1098, avec vingt de ses moines, il fonde un monastère au sud de Dijon, dans la vallée de la Saône. Les hommes s'installent en un lieu boisé, désert et sans doute marécageux puisqu'y poussent des cistels (« roseaux » en ancien français), à l'origine du nom de Cîteaux. En 1113, l'amélioration des conditions de vie de la communauté s'accompagne de l'arrivée de recrues. Parmi elles, le fils du seigneur de Fontaine, Bernard, futur abbé de Clairvaux, suivi de trente compagnons.