Qui ne se souvient de Lawrence d’Arabie chevauchant dans le désert à la tête d’une révolte arabe, fomentée par les anglais pour faire plier l’empire ottoman allié des allemands ? Nous sommes en 1917. Dans le film de David Lean en 1962, Peter O’Toole incarnait Lawrence. Mais sait-on que dès 1918, au Royal Opera de Londres un spectacle intitulé « En Palestine avec Lawrence » fit déplacer les foules et fut décliné dans nombre de capitales occidentales ? Une légende était née.

Ce sont les années de jeunesse qui ont précédé cette épopée que nous propose Anthony Sattin dans sa grande biographie intitulée, « la jeunesse d’une légende ». Archéologue de formation, dans un service que l’on disait proche des services secrets britanniques, il arpente – à pied – la Syrie, la Palestine et le sud-Liban à la rencontre des châteaux forts et autres Krak des Chevaliers. Il y fera de bonnes – et mauvaises- rencontres qui serviront de formation à ce futur officier britannique des services secrets anglais du Caire. Une grande partie des réflexions du jeune Lawrence proviennent de la correspondance suivie qu’il entretient avec ses parents et que l’auteur a pu consulter.

Dans ses pérégrinations il va rencontrer le « peuple arabe » à qui il promettra la constitution d’une grande « Nation arabe », promesse que Londres ne tiendra jamais. Au milieu de cette chevauchée, l’auteur mentionne l’attachement de Lawrence à Dahoum, le jeune « porteur d’eau », qui fut l’amour de sa jeunesse et auquel furent dédiés plusieurs poèmes qui devaient figurer dans la première édition des « Sept piliers de la sagesse », ouvrage autobiographique édité en 1932, mais ne furent publiés qu’après sa mort accidentelle en 1935.
Paul-François Trioux

Lawrence d’Arabie, la jeunesse d’une légende d'Anthony Sattin (Editions Noir sur Blanc. 384 p. 23€).