
Joe Kennedy, de l'ascension à la chute

Retour sur le destin d’un patriarche à la personnalité controversée.
Dans la famille Kennedy, je demande le père… Georges Ayache poursuit sa dissection historique du clan maudit, après plusieurs ouvrages, dont un Kennedy, vérités et légendes, paru en 2017. Cette fois, il s’attaque à Joe, le patriarche, celui par qui tout est arrivé. Obsédé par la réussite, ce petit-fils d’immigrés irlandais, catholique méprisé par la gentry WASP, a gravi tous les échelons jusqu’à bâtir l’une des plus grandes fortunes du pays et placer son fils à la Maison Blanche. Il a surtout vécu mille vies, de la contrebande d’alcool à la diplomatie, en passant par Hollywood ou Wall Street. Sans transiger sur la rigueur historique, George Ayache relate ce destin romanesque, à la manière d’un Scott Fitzgerald, auquel il fait d’ailleurs un clin d’œil en intitulant un chapitre L’Avant dernier-nabab. L’ascension, la gloire, la chute… Il est vrai qu’il y a du Gatsby le Magnifique en ce Joe Kennedy qui fraye avec la pègre et fricote avec les starlettes, avant d’être nommé ambassadeur par Roosevelt, malgré son soutien au comité America First de Charles Lindbergh et son pacifisme outrancièrement défaitiste pendant la guerre. Car George Ayache n’oublie pas sa part sombre, à l’image de sa fille retardée mentale, Rosemary, à qui il inflige les tourments de la lobotomie… Malgré l’élection de son fils, les drames s’accumulent pour ce pater familias qui doit les éprouver, un à un, cloué au lit après un accident vasculaire cérébral. Une conclusion s’impose à l’auteur : Joe Kennedy, principal artisan de cette étourdissante success story des Kennedy, est aussi celui de leur malédiction. Vincent Mottez
Joe Kennedy de Georges Ayache (Perrin, 400 p. 23, 50 €)