Benoît Garnot
Professeur d'Histoire moderne à l'université de Bourgogne, cet éminent spécialiste de l'histoire de la justice dresse un constat implacable sur son indépendance... toute relative.
Historia - Historiquement, quelle est la juste définition d'une justice aux ordres ?
Benoît Garnot - Les quelques affaires qui obéissent à cette logique ont en commun quatre caractéristiques : un État velléitaire, voire coercitif ; des magistrats sinon serviles, du moins réceptifs à ce que souhaitent les autorités ; des accusés dont la culpabilité n'est pas forcément évidente ; des sentences qui se veulent exemplaires vis-à-vis de l'opinion. Mais il convient de relativiser ce constat car dans l'immense majorité des cas, le problème ne se pose pas. Prenez l'affaire Calas. Au milieu du XVIIIe siècle, condamner un huguenot n'est pas contraire à la loi. Une justice aux ordres peut donc être légale tout en heurtant la morale. Quant aux procédures illégales - avec dissimulation volontaire de documents par exemple - elles sont beaucoup plus rares.
H. - Quelle est, selon vous, la plus grande parodie de justice en France ?