Bataille pour sauver le franc
Malgré l'insouciance affichée, les caisses sont vides. La France a payé la guerre à crédit : la banqueroute menace. Poincaré est rappelé au pouvoir en sauveur. Il va réussir à imposer la dévaluation du siècle.
Il est l'homme providentiel. À 66 ans, dont une quarantaine d'années consacrées à la vie politique, l'ex-président de la République Raymond Poincaré a la barbe grisonnante. Un monument. L'historien Jacques Chastenet brosse son portrait en cet été 1926 : « Sa mémoire demeure impeccable, sa puissance de travail prodigieuse. Peut-être sa nervosité contenue, sa tension interne ont-elles diminué et une sérénité nouvelle apparaît sur ses traits. » Député à 27 ans, ministre à 33, académicien à 49, président du Conseil en 1912 puis président de la République durant la Grande Guerre, le Lorrain sait naviguer dans un régime dont il connaît tous les arcanes. Quand il s'éclipse du pouvoir, l'avocat arrondit sa fortune sans jamais se compromettre dans les scandales qui émaillent la IIIe République. Redevenu président du Conseil en 1922, il est écarté du pouvoir par le Cartel des gauches aux élections de 1924.